Accueil A la une Entretien avec M. René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’artisanat : «Laissez-moi servir mon pays»

Entretien avec M. René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’artisanat : «Laissez-moi servir mon pays»

Agacé par les campagnes de diffamation, en colère contre les mensonges proférés par «des jaloux qui ne veulent pas le bien au pays», l’actuel ministre du Tourisme et de l’Artisanat, M. René Trabelsi, a encore plein de projets dans la tête pour le secteur touristique qu’il connaît très bien depuis 22 ans et qu’il a pris par les cornes dès sa nomination en novembre 2018.  Les chiffres parlent pour lui et sa vision de l’avenir du secteur est tout aussi prometteuse, à quelques mois de la fin de sa mission à la tête de ce département stratégique. Avant de partir, le ministre tunisien de confession juive veut crier son ras-le-bol contre les campagnes de dénigrement orchestrées contre lui et qui ont franchi la ligne rouge, son seuil de tolérance, samedi 15 juin, quand un petit groupe de protestataires ont brûlé son portrait devant le siège du ministère à Tunis. C’est une première, lâche-t-il, je veux leur dire : «Laissez-moi servir mon pays, cessez de juger et apprenez à aimer ».

On dit que vous êtes l’homme qu’il faut au poste qu’il faut. Pensez-vous avoir apporté le plus au secteur et à la destination Tunisie ?
La Tunisie est riche de compétences dans tous les secteurs. Quant au poste, je ne peux être que dans le tourisme dont  je connais très bien les problèmes. J’exerce dans le tour-operating depuis 22 ans. Je connais bien la Tunisie, aussi, et les professionnels du secteur. Cela m’a aidé dans ma mission à la tête du ministère. Il fallait trouver rapidement des solutions. Pour moi, il fallait s’attaquer au déficit d’image de la Tunisie que j’ai constaté à l’étranger où je vivais et travaillais. J’ai tout de suite voyagé dans toute l’Europe pour rassurer les TO et les responsables politiques de ces pays avec lesquels nous avions des relations touristiques importantes, comme la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique. Je savais qu’il fallait les rassurer en allant chez eux pour leur expliquer qu’on n’a pas la meilleure sécurité au monde, mais c’est pareil ailleurs, que l’Etat consacre 16% de son budget à la lutte contre le terrorisme et aujourd’hui le pays est sécurisé. Les touristes sont revenus, les commerçants retrouvent le sourire en en voyant beaucoup  dans les souks et les hôtels sont tous remplis.

Est-ce que vous êtes dans vos prévisions de 9 millions de touristes pour cette année ? Et le pèlerinage de la Ghriba a-t-il été réellement exceptionnel cette année ?
Tout le monde a constaté que le pèlerinage de la Ghriba a été exceptionnel cette année. Bien sûr, c’est un succès chaque année, mais cette fois il y avait de nouveaux éléments qui ont contribué à rendre ce pèlerinage exceptionnel. D’abord, c’était en plein ramadan, ce n’était pas évident. Ce fut un succès total, en particulier le repas de rupture du jeûne qui a réuni 320 personnes de différentes nationalités et des représentants des trois religions en Tunisie. Le nombre de pèlerins a doublé et la qualité des personnalités qui sont venues. La Ghriba attire toujours de grandes personnalités du buisness, des médias, du monde politique étranger, mais cette année il y a eu de grands hommes d’affaires d’origine tunisienne qui pèsent dans le monde du buisness européen, de gros investisseurs. Certains sont des amis proches, ils sont venus par solidarité avec la Tunisie, et avec moi aussi. Certains ont même exprimé leur souhait d’y investir.
S’agissant des prévisions, quand j’ai pris mes fonctions en novembre dernier, l’objectif était de 9 millions de touristes pour 2019, contre 8 millions pour 2018.  Il fallait une augmentation minimum de 20% par marché. En février et mars et même depuis janvier 2019, on était déjà à 25%, voire 30%. L’augmentation a été confirmée par les TO étrangers au niveau des réservations. Avec la haute saison, cette progression devrait se poursuivre, il est très possible d’atteindre notre objectif et peut-être même de le dépasser. On a tous travaillé pour cela.

Considérant la situation en Libye et en Algérie voisines, avez-vous enregistré des annulations par des TO étrangers ?
Je suis de Djerba et je sais parfaitement comment se comportent les Libyens quand ils arrivent en Tunisie. Il y a de la sympathie entre les deux peuples. C’est la réponse que j’ai donnée à des journalistes anglais et allemands qui m’ont posé la même question. Je ne vois pas comment le peuple libyen peut causer des problèmes à son voisin tunisien. C’est de ce côté qu’il faut voir les choses. Ce qui se passe en Libye est  un problème interne et nous espérons en Tunisie qu’il sera réglé le plus tôt possible. C’est pareil pour l’Algérie. Les Algériens sont très proches de leurs voisins tunisiens. J’ai dit et je répète que les Algériens sont venus passer des vacances en Tunisie par solidarité quand les hôtels se sont vidés. On ne cessera jamais de les remercier pour ce geste. La Tunisie a aujourd’hui une notoriété de sympathie envers ses voisins et d’excellentes relations avec eux.

Le transport aérien est une composante déterminante, les problèmes de retard et d’annulation des vols sont-ils encore à l’ordre du jour ? Si oui, des solutions sont-elles envisagées ?
Le ministère du Transport et Tunisair ont décidé de réduire le nombre de vols parce que 8 avions sont en réparation. Mais la compagnie aérienne a affrété des avions pour combler ces annulations et répondre aux besoins de cette période. C’est une année difficile mais je pense que ça n’influera pas sur la saison touristique. Le ministère du Transport a accordé à des compagnies étrangères un quota supplémentaire de vols sur la Tunisie. Je suis donc confiant, en attendant que Tunisair reçoive, d’ici fin 2019 début 2020, ses nouveaux avions Airbus 320. Par ailleurs, Nouvelair vient d’ajouter un deuxième avion à sa flotte et une nouvelle compagnie privée est née, Jasmin Airlines, qui d’ici quelques semaines va commencer à opérer avec deux avions au départ de la Tunisie. Elle arrive au bon moment.

Vous avez évoqué la nécessité de diversifier le produit touristique. Quelle est l’alternative la plus urgente ?
Je commencerai par le tourisme sportif. Beaucoup de pays où le sport est développé envoient leurs équipes faire des stages à l’étranger. En Russie, par exemple, le championnat s’arrête pendant deux mois en hiver. Les sportifs vont avec leurs familles en Jordanie, à Dubai, des destinations plus ensoleillées et plus chaudes, pour effectuer des stages. L’hiver prochain, une grande équipe sportive russe va venir passer un mois en Tunisie. Financièrement, c’est important et c’est aussi une façon de travailler sur l’hiver, la période du 1er novembre au 30 mars enregistre une baisse importante des touristes et certains hôtels ferment.
Je cite aussi le tourisme saharien qu’on a perdu depuis 2011 et qui commence à revenir petit à petit. Il est heureux de savoir aujourd’hui que tout le sud est plein, il y a des excursions, des campements, des rallyes, les restaurants reprennent de l’activité, les Dunes électroniques vont se tenir du 21 au 23 septembre prochain. Des investisseurs aussi reviennent au sud. Le Résidence ouvrira bientôt à Douz et le projet du groupe Diar Qatar, à Tozeur, va démarrer d’ici octobre prochain. D’ici à la fin de l’année, nous avons également programmé un grand rallye. Là nous sommes dans le tourisme haut de gamme et maintenant il faut assurer la qualité.

Qu’en est-il de la formation ?
Toutes les écoles de tourisme sont pleines et tous les élèves vont être embauchés immédiatement. Il y a même un grand manque en main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée. Actuellement, mille emplois sont vacants. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux jeunes qui veulent travailler dans le tourisme, je leur dis qu’il y a de la place dans toutes les régions, nous sommes prêts à les former et même à assurer une formation express dans les écoles ou dans les entreprises. Nous voulons embaucher et nous aurons sans doute recours à la main-d’œuvre étrangère, africaine notamment qui vit en Tunisie, qui  travaille dans le tourisme et qui fait du bon travail. On ne peut pas laisser les hôtels en manque de personnel. L’industrie doit tourner.

De gros efforts sont constatés depuis quelques mois pour la promotion de la destination Tunisie particulièrement en France, notamment à travers l’émission TPMP de Cyril Hanouna. Nous aimerions en savoir plus.
Il faut savoir que le budget du ministère n’est pas très important mais il faut tout de même faire de la promotion. J’ai été frontal avec la France parce qu’on a perdu beaucoup de touristes français. Ils étaient 1 million 400 mille en 2010 contre 800 mille en 2018. Il y a donc une marge incroyable de progression. Comme je vous ai dit précédemment, je savais pourquoi il fallait rassurer. Pas par des interviews, on nous accusera de langue de bois. Il fallait parler de la Tunisie autrement, par un moyen accepté en France. Cyril est un ami. Il est né en France, mais ses parents sont de vrais Goulettois, ils ont passé toute leur vie à La Goulette. Et surtout il adore la Tunisie. Il a toujours parlé de la Tunisie. Une fois, il m’a dit «M. le ministre, demandez-moi ce que vous voulez, je vous ferai tout gratuit à travers mon émission». Bien sûr, j’ai saisi l’occasion de TPMP sur C8. Durant trois heures, on a parlé de la Tunisie, des images magnifiques de la Tunisie et de son désert étaient projetées sur grand écran.

Combien auraient-elles coûté ces trois heures si elles étaient payantes ?
80 millions de dinars tunisiens. C’est Canal+. Seulement pour TPMP, parce que je suis aussi passé dans une deuxième émission de Canal où j’ai fait 6 minutes. Vous imaginez ce que ça coûte ! Beaucoup n’y ont pas cru. C’est pourtant vrai. Ce sont les enfants de la Tunisie qui font ça et moi je crois en eux. Je suis convaincu que seuls les Tunisiens vivant à l’étranger sont capables d’aider leur pays. L’émission TPMP a fait ce soir-là 1 million 200 mille téléspectateurs. On a offert des voyages, parce que Cyril voulait faire découvrir la Tunisie à des Français qui n’ont jamais visité la Tunisie. Je veux  remercier Tunisair et Nouvelair pour les billets d’avion offerts et les hôteliers qui ont offert les séjours.

Y a–t-il des initiatives avec d’autres pays (Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine…) et quelles en sont les retombées ?
Ce sera en République Tchèque, le 26 juin, une grande journée tunisienne au centre de Prague. Nous préparons également un grand événement en Russie, à Moscou précisément, pour le mois de septembre. Je veux remercier nos amis russes dont le nombre de touristes augmente régulièrement et qui, d’après l’ambassadeur russe en Tunisie, devrait cette année atteindre 800 mille. Pour eux, la Tunisie n’est plus un pays de dépannage comme en 2016, ils sont désormais installés dans cette destination. Nous en sommes fiers. Pour ce qui est de la Chine, une mission est prévue au mois de juillet. C’est un marché de 35 mille clients mais qui progresse. Les Américains sont également très intéressés. Des agences de voyages qui travaillent sur le Moyen-Orient s’occupent du tourisme des seniors, des retraités. Elles trouvent que la Tunisie peut être une destination exotique pour leurs clients.

Vous avez évoqué l’artisanat, c’était votre cheval de bataille dès que vous avez pris vos fonctions.
Exactement. L’artisanat n’est pas valorisé comme il se doit. Je suis un amoureux de l’artisanat tunisien et un grand consommateur, c’est scandaleux de trouver en Tunisie des chéchias, des safsaris et des cages de Sidi Bousaïd importés.
On a sensibilisé les commerçants pour ne pas vendre de l’artisanat qui n’est pas tunisien et on a fait beaucoup de Com. Résultat : au dernier salon, il n’y avait que de l’artisanat tunisien. Il y a aussi beaucoup d’acheteurs étrangers. L’exportation vers les Etats-Unis a été multipliée par dix depuis le début de l’année. En France, de grandes marques ou enseignes, comme les galeries Lafayette, sont en contact avec des artisans. L’artisanat a été également intégré dans les emballages des dattes, des gâteaux traditionnels, de l’huile d’olive. On a multiplié les défilés de mode et toutes sortes d’événements autour de ce secteur.  Sur décision du chef du gouvernement, on a aussi envisagé la mise en place d’espaces d’exposition dans tous les gouvernorats pour que les artisans viennent exposer leurs marchandises sans attendre le salon annuel, ça a démarré à Djerba et à Sfax. On envisage même de multiplier les salons de l’artisanat dans les villes.

Vous n’êtes pas sans ignorer que votre nomination en tant que ministre dérange certains, vous faites l’objet de campagnes de dénigrement (de soutien également, par ailleurs). Que dites-vous à vos détracteurs ?
Laissez-moi servir mon pays. Je reçois également des soutiens. Hier (mercredi 18 juin, ndlr), un petit groupe s’est rassemblé devant le ministère pour me soutenir, suite à un petit mouvement devant le ministère, le samedi d’avant, et où le portrait d’un ministre a été brûlé devant beaucoup de journalistes et de policiers. Ma fille de 12 ans m’a demandé pourquoi ? Je ne peux pas lui dire parce que je suis Tunisien. J’ai répondu : ce n’est rien, ils ne comprennent pas, ce sont des jaloux». A mon avis, il y a des gens qui veulent bâtir la Tunisie, d’autres cherchent à la démolir. Heureusement que ces derniers sont une minorité, ils ne sont pas représentatifs, ils se cachent derrière des associations. Je ne crois pas que ce soient des partis politiques, ils sont plus responsables et j’ai de bonnes relations avec tout le monde. Je pense que certains ne veulent pas que l’expérience de René Trabelsi en tant que ministre réussisse. Cela m’a fait, bien sûr, un peu mal au départ, mais en même temps, et avec la vague de soutiens que je reçois, j’ai envie de faire encore plus pour le pays.

Quelle est votre opinion sur l’affaire des pages facebook israéliennes qui visaient le chef du gouvernement? Etait-ce une véritable campagne de diabolisation israélienne contre Youssef Chahed ? Si oui, pourquoi ?
Ce n’est pas une campagne israélienne. Le Monde et Le Figaro ont publié des articles sur cette affaire, ils ont enquêté. C’est une société basée en Israël mais elle n’a pas le droit de travailler pour une société israélienne ou pour un gouvernement israélien. Tout est indiqué dans ces articles. Elle reçoit des bons de commande pour un objectif précis et elle agit. Elle fait des montages. Cette société, qui est très puissante, peut anéantir un rival (du commanditaire, ndlr), casser un produit concurrent et même faire tomber un gouvernement. Dans le cas d’espèce, le chef du gouvernement dérange et on veut le faire tomber.

Le bon de commande est tunisien ?
Il ne peut être que tunisien, mais pris en charge financièrement par une partie étrangère. La facture aurait été de 800 mille dollars. Le bon de commande a été émis par des Tunisiens qui veulent casser ce gouvernement. A l’étranger, ces pratiques sont connues ;  en Tunisie, c’est nouveau. J’ai entendu dire que celui qui est derrière cette affaire a commandé une  dictature pour la Tunisie. Cette société peut le faire, elle l’a fait ailleurs, elle s’est mêlée à des élections en Afrique et même à celle de Mme Clinton. C’est indiqué par les deux journaux français. C’est dommage. On a des élections démocratiques et libres, celui qui peut faire quelque chose pour ce pays il n’a qu’à le faire, et les élections doivent se passer dans les meilleures conditions, comme en 2014.

A propos de la polémique qui a concerné les touristes israéliens venus pour le pèlerinage à la Ghriba et qui aurait visité la maison d’Abou Jihad. Quel est le vrai du faux par rapport à ce qui a été diffusé par la chaîne de télévision libanaise Al Mayadine qui a indiqué avoir repris intégralement un reportage réalisé par la chaîne 12 israélienne ?
Oui, une journaliste faisait partie du voyage, elle a fait un reportage qui est passé sur la chaîne 12. Pourquoi cette chaîne ? Parce qu’elle a une version arabe et pour que le reportage soit accessible à la population palestinienne. Cette chaîne israélienne diffuse souvent des reportages sur les pays arabes, mixés en arabe et en hébreu. J’ai vu le reportage, il y avait du mensonge, parce qu’ils n’ont jamais visité cette maison. Sinon on l’aurait su, ils étaient escortés par la police. La maison était à quatre kilomètres de l’endroit par où ils sont passés et on ne peut pas y accéder par bus. On a même dit qu’ils ont été à Hammam Chatt. C’est faux.  Ce que j’ai reproché à Al Mayadine c’est qu’ils n’ont passé au début que deux minutes de tout le reportage pour créer la polémique. Ensuite, ils ont diffusé toute la vidéo où on voyait des scènes exceptionnelles. Des femmes musulmanes embrassaient leurs voisines juives qu’elles n’ont pas vues depuis 20 ans et plus. C’était à Tunis, à Lafayette, à La Goulette, à Nabeul.
Elles ont visité les maisons où elles habitaient. C’est ce qui montre qu’ils sont des Tunisiens à l’origine. En plus de tout cela, j’ai refusé d’intervenir  sur la chaîne 12. Quant à la journaliste, elle a insisté pour me parler en aparté, j’ai accepté par politesse.

C’était de la provocation, alors ?
Oui et je saisis cette occasion pour déclarer officiellement que je condamne fermement et totalement les éloges de l’armée israélienne en terre tunisienne. Ils sont venus pour le pèlerinage, ils doivent se comporter convenablement vis-à-vis de la population tunisienne et de l’Etat tunisien. Ce qui s’est passé, c’est de la provocation et je condamne cela. J’ai été contacté par un journaliste juif français à ce sujet et je lui ai exprimé ma condamnation. Je voudrais aussi exprimer officiellement mon opposition au « tatbi3 », la normalisation avec Israël.  Il n’y a pas de normalisation parce que cela supposerait qu’il y a des accords signés entre les deux pays. Ce n’est pas le cas. Que des touristes viennent en pèlerinage, c’est qu’ils en ont le droit même s’ils vivent en Israël. Ce n’est pas du « tatbi3 ». Il faut faire attention à la manipulation de l’opinion.

Vous travaillez beaucoup et vous réagissez peu. Votre discrétion est un choix ou un trait de caractère ?
Oui, mais cette fois la ligne rouge a été dépassée. Il faut que ça cesse. On a, également, dit que René Trabelsi a accueilli 2.000 Israéliens à l’aéroport. C’est faux. Le ministre René Trabelsi est escorté quand il va à l’aéroport, où sont les images de cet accueil ?  Pareil pour la  photo sur facebook qui montrait un passeport israélien soi-disant à l’aéroport de Tunis-Carthage, elle était fausse, parce que c’était à l’aéroport d’Izmir en Turquie.  Chaque année, des centaines de juifs viennent à la Ghriba. Cela a toujours été le cas même au temps de la Troïka. Sauf que, comme l’a déclaré le ministère de l’Intérieur, personne n’entre en Tunisie avec un passeport israélien. La plupart des Israéliens ont d’autres passeports. Cela tout le monde le sait, même ceux qui sont derrière ces polémiques. Je veux ajouter qu’il y a deux millions de Palestiniens arabes qui vivent en Israël, dont la moitié est musulmane, l’autre est chrétienne. Ils veulent visiter la Tunisie. Tous les jours je reçois des demandes de Palestiniens qui veulent faire du tourisme en Tunisie. Une agence de voyages jordanienne m’informe qu’elle a un potentiel de 20 mille touristes palestiniens. Je leur réponds que je ne peux pas les aider parce qu’ils sont porteurs de passeports israéliens. On ne peut pas les accepter.
A chaque fois qu’il y a un problème avec Israël, on accuse le ministre du Tourisme. Au début, on s’est opposé à ma nomination parce que je suis juif. Après, des députés m’ont accusé d’être israélien et sioniste. Des amis tunisiens m’ont demandé de me défendre et même de porter plainte, j’ai refusé. D’autres m’ont conseillé de partir et de tout laisser tomber, mais je vais continuer à travailler jusqu’à la fin de ma mission.

Vous êtes indépendant politiquement, êtes-vous intéressé par la politique ? De quel parti vous sentez-vous le plus proche ?
Je suis toujours indépendant et cela me convient parfaitement. J’ai une liberté d’agir, une marge de manœuvre. J’ai de très bonnes relations avec tous mes collègues. Ils sont compétents et travailleurs. Je suis aussi séduit par le chef du gouvernement. Il est en poste depuis trois ans, le pays est plus stable du point de vue sécuritaire, l’image de la Tunisie est meilleure, les investissements européens, américains et arabes reviennent.

Que pensez-vous de tout ce qui se passe sur la scène politique ?
C’est la démocratie, c’est normal. Il faut juste éviter les fausses polémiques, la manipulation et la violence. Le gouvernement qui viendra après les prochaines élections, il faudra le laisser travailler dans la durée. Il y a une prise de conscience. Je suis persuadé que les périodes difficiles sont derrière nous.

Vous savez déjà pour qui vous allez voter ?
C’est encore tôt. Les candidatures ne sont pas déposées. Mais si Youssef Chahed se présente aux élections, je voterai pour lui, sans hésitation.

Le mot de la fin ?
Oui, j’en ai un. Je veux réussir ma mission pour mon pays et je n’aime que mon pays, je n’ai pas le temps d’aimer d’autres. Je veux dire aussi quand on passe son temps à juger, on n’a pas le temps d’aimer. Il faut arrêter de juger pour pouvoir aimer et changer les choses.

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